Coup de projecteur sur le festival de Gardanne 2007

 

« Shara » réalisé par Naomi Kawase , en 1997, Japon, durée 1h40, couleur. Avec Jun Kunimura, Machiko Ono et Sachiko Izumi

 

De l'ombre à la lumière comme cette inscription sur cette toile trouée... Shun, jeune garçon, court dans les rues de Nara, ville historique. Son frère jumeau Kei court avec lui. Mais au détour d'une étroite rue, Kei disparaît. Shun a grandi, il peint le portrait de Kei. L'oeil de la cinéaste nous introduit dans ce monde traditionnelle japonais par un remarquable travail de mise en scène pour non pas construire une histoire mais s'y introduire. La mise en scène transparait, paradoxalement à l'opacité du sujet, d'après une vision, un point de vue mêlant fiction, expérimental et documentaire. Une famille essaie de renaître des cendres du défunt mais rien n'est évident. Le monde se fige en contraste avec une caméra légère à l'épaule qui filme avec peu de cadrage. C'est une oeuvre où la cinéaste nous convie à suivre Shun puis chacun des protagonistes. Dans l'ancienne capitale du Japon, se déroule notre histoire, dans un quartier où les traditions et les valeurs ancestrales se perpétuent. La discrétion des plans dans les angles des pièces de la maison accentue la narration dramatique de cette histoire. La lumière naturelle est le fruit d'un travail remarquable de la photographie basé sur un contraste à partir du sombre et de la lumière. Ce cinéma japonais nous insuffle une contrainte qui s'inscrit dans la veine cinématographique. Une famille où l'enfermement, le repli sur soi face au deuil nous questionnent, nous laissent en réflexion permanente. La réalisatrice Naomi Kawase traduit la gravité, le poids de la mort par une réalisation embarquée d'introspection et d'intimisme. Paradoxalement, nous sommes dans la proximité par l'intervention du regard à des moments particuliers de l'histoire et à distance avec des plans lisses et très peu de gros plans. Très proche de notre regard, nous suivons, cinq ans après la disparition de Kei, l'évolution de Shun, le frère blessé, continuant sa vie dans l'ombre de la perte de son frère et la pâle clarté de sa vie qui le fait avancer. Nous suivons la mère et le père Taku puis la voisine Shon et sa fille Yu. Toute la famille, les amis ainsi que les voisins du quartier préparent la fête de Basara. Yu, sous une pluie forte, dansera et chantera pour la victoire de la vie sur la mort. Naomi Kawase réussit le double paradoxe de sa mise en scène, sans réel cadrage, avec une caméra en perpétuel mouvement contre cet immobilisme, cet arrêt du temps. L'histoire fictionnelle se révèle sous un point de vue proche du docu-fiction. Shun doit grandir sans son frère jumeau Kei. La caméra devient ce spectateur humain, témoin et observateur contemplatif mais dans la fugacité des mouvements saccadés de la caméra. Shun a grandi durement et froidement. Il est dans une détresse intérieure, entouré de ces proches, dans ce quartier aux valeurs ancestrales japonaises, dans le pur traditionalisme et le respect des valeurs fondamentales celles du bouddhisme. La caméra se glisse par pudeur mais ose nous montrer comme le pouvoir de voir. Elle se soustrait à ce monde qu'elle a choisi de nous montrer. La réflexion se fait au travers de ces plans esquissés par une caméra mobile, renversant l'effet miroir qui n'est plus que l'ombre et la lumière. Notre regard est guidé par la réalisatrice qui nous offre la possibilité de vivre cette histoire où les arts, les traditions, les valeurs religieuses et familiales, valeurs fondamentales qui constituent toute une vie durant, sont inextricables. Elle dépeint une tragédie suivant le point de vue d'une artiste-peintre, alternant entre sa contemplation de natures mortes et celles des scènes de vie quotidiennes. Le monde de la peinture est présent en permanence. Le jardin, les fleurs, les toiles d'araignées, sont les gros plans du monde végétale opposé au monde des hommes. La cinéaste Naomi Kawase nous introduit véritablement dans un microcosme. Dans les rues étroites d'un vieux quartier japonais, se dresse le portrait de la famille Aso. Le récit, empreints de peinture, d'onirisme, se joue entre deux temps, le temps de l'histoire et le temps de filmer qui se veut immédiat par la spontanéïté de la caméra. Paradoxe encore par l'action où la vie se déroule, sans se jouer, mais suivant une interprétation remarquable qui accentue le caractère documentaire. Naomi Kawase, dans une séquence où Shun et Yu se retrouvent dans le jardin d'une grande maison, intervient comme elle s'introduit dans les pièces de la demeure de la famille Aso et nous fait subtilement remarquée qu'elle est présente dans cette histoire, comme un regard unique, indispensable sans pour autant bouleverser le cours des évènements. L'ingéniosité, la richesse, le modernisme par l'approche permanente de cette perspective filmique en constante observation et construction sont dignes du grand Cinéma Japonais. La réalisatrice nous dépeint, le grain à l'image, les actants d'une famille japonaise dans le repli, conservatrice de ses valeurs morales. Naomi Kawase réussit, nous convainc dans cete oeuvre aboutie par la force de son cinéma, héritière des grands réalisateurs japonais comme Ozu ou Kurosawa. Cette histoire à valeur humaniste et discrète, nous questionne si nous sommes capables de la voir et de la regarder. La réalisatrice travaille, en son temps, son cinéma, où le choix de la caméra épaule reflète une vision toute autre. Sa présence est celle qui nous renvoie à notre position de spectateur. Elle évite de filmer puis court, se déplace à partir d' une démarche artistique engagée et personnelle. Elle nous offre un grand film. La grande sagesse et la poésie se dégagent de son cinéma contrastant avec le mobilisme permanent de la caméra sous l'adéquation d'une fiction en proie à ne pas respecter les codes conventionnels filmiques. Démarche donc artistique qui se veut prometteuse et impose le film «  Shara » au rang d'oeuvre cinématographique nous offrant un pluralisme de réflexions, à travers l'histoire de la famille japonaise Aso.

LES RENCONTRES DU CINEMA HONGROIS 

 

Daniel Guffroy, président de l'association France-Hongrie 13, nous présente les Rencontres du Cinéma Hongrois qui ont eu lieu du mercredi 3 au dimanche 14 octobre 2007 à Marseille et en Aix-en-Provence. Voici les propos recueillis autour du Festival :

 

Comment se sont passées les Rencontres du Cinéma Hongrois ?


Daniel Guffroy : « Je n'imaginai pas que pour le film « Satantango » de Béla Tarr, il y ait quarante courageux qui regarderaient le film pendant plus de sept heures. Le grand regret bien-sûr c'est le fait que Béla Tarr n'est pas pu venir. Par contre, le réalisateur Szabolcs Hadju, présent aux Rencontres, a eu un excellent contact avec le public et avec les organisateurs. Il a réalisé « White Palms », le premier film d'ouverture. Jean-Pierre Jeancolas, critique et historien du cinéma, auteur de deux ouvrages sur le cinéma hongrois, a su se mettre à la portée du public. Les deux directeurs du festival d'Eger ont participé activement au festival en rencontrant des étudiants en Cinéma . » 


Les invités ont-ils suivis le Festival du Cinéma Hongrois ?


D.G. : « Jean-Pierre Jeancolas a présenté et animé notamment les films « Les Sans Espoir » et « Pausme Rouge » du réalisateur Miklos Jancso, au cinéma les Variétés et il a donné une conférence sur le Cinéma Hongrois à la Bibliothèque de l'Alcazar. Le réalisateur Szabolcs Hadju n'est pas venu seulement pour voir les films hongrois mais bien pour rencontrer des gens qui font des films en France et bien-sûr participer au débat sur les films. »


Est ce la première édition du festival Hongrois ?


D.G. : « Pour les Rencontres du Cinéma européen, c'est la première fois. L'association France-Hongrie 13 avait organisé un festival à Gardanne dans le cadre de l'association culturelle hongroise, en 2001. Nous avions fait une programmation de quatorze films avec la présence de deux réalisateurs hongrois, Caméra d'Or à Cannes. Cette année 2007, Les Rencontres du Cinéma Hongrois se sont déroulées sur onze jours. Nous avons programmé dix sept films et des courts-métrages avec des rencontres et des débats autour du Cinéma Hongrois. Les cinémas les Variétés, le Prado et le Polygone Etoilé à Marseille ainsi que l'Institut de l'Image en Aix-en-Provence ont su accueillir ces rencontres cinématographiques. »


Quelles différences peut-on voir entre le cinéma hongrois actuel, celui des années 2000 et celui des décennies précédentes ?


D.G. : « Il faut bien voir le rôle de l'Ecole de Cinéma parce qu'en fait la richesse du cinéma hongrois c'est son Ecole et la qualité de ses formateurs. Il se trouve que depuis quelques années, il y a un enseignant qui est aussi réalisateur Sandor Simo. Simo Sandor dirait les hongrois. Bien qu'ayant réalisé peu de films, il est un excellent professeur. Dans la majorité des génériques de premiers films, il y a toujours un remerciement pour lui. C'est par son enseignement que toute l'Ecole de Cinéma a été formée ces dernières années et il y a effectivement des points en commun sur la qualité et la présentation des films. On ne peut pas dire que la vague des jeunes cinéastes hongrois est foncièrement différente de ceux qui ont fait toute la force du cinéma hongrois sous l'Ancien Régime. Cependant elle est un peu limitée par les conditions économiques parce qu'avant tout était payé. Maintenant, ce n'est pas du tout sûr une fois que le film est sorti.»


Quelles sont les influences directes de cette Ecole sur le cinéma? Pouvez vous nous parler du cinéma hongrois ?


D.G. : « Dans le cinéma hongrois, il y a, en fait, trois faces. Je dirai d'abord qu'il y a la face culturelle et très intellectuelle. La rétrospective de Béla Tarr que nous avons projeté correspond parfaitement à ce cinéma. Les cinéastes hongrois de cette vague ont du talent mais ils ont leurs propres expressions et on ne peut pas dire qu'ils marquent tellement autour d'eux. Il y a une deuxième face qui serait nationaliste, portée sur les valeurs du Pays et sur le patriotisme. Il y a, en effet, une certaine réceptivité à ce cinéma par la population qui a été marquée par les évènements de leur pays. C'est vrai que les hongrois sont attachés à revaloriser leur pays la Hongrie à travers sa grande histoire, ses grands rois et sa révolution. Puis, il y a la troisième face qui a été mis en place sous l'Ancien Régime et qui est pour moi la force du cinéma hongrois c'est le cinéma de Société c'est-à-dire le cinéma hongrois « des familles ». On voit toutes les couches de la population, les jeunes et les plus âgés, les couples, dans leur vie quotidienne et à leur travail. Cette description de la société qui est très personnelle finalement est proche d'un certain réalisme ou plutôt d' « un certain néo-réalisme à la hongroise ». Là, ils sont très forts. Sous l'Ancien Régime, le cinéma était la seule façon pour eux de critiquer le Régime. A travers cette vie quotidienne, ils pouvaient faire valoir certaines libertés. Ils remplaçaient en quelque sorte les grands discours et le public hongrois le comprenait très bien. En fait, ce cinéma est le prolongement de cette Ecole qui a alimenté un peu les cours de Simo Sandor. Je pense au film « Fresh Air » de la réalisatrice Agnes Kocsis, avec cette histoire d'une « madame pipi » tout simplement dans les toilettes du métro. Le film « On m'appelle Bonnie » du réalisateur Deak Krisztina est aussi très connu parce qu'il reprend un peu l'histoire de « Bonnie and Clyde », en se basant également sur une histoire vraie qui s'est passée en Hongrie. On voit effectivement la vie quotidienne des jeunes gens de l'Est de la Hongrie, une région relativement pauvre. Ces jeunes qui n'avaient pas du tout vocation à être des bandits de grand chemin se sont retrouvés acculés par la société. Dans ce climat social, on aborde la description de ces gens tel qu'ils sont dans leur milieu. Il peut y avoir dans certains films, notamment dans le film « Kontroll » du réalisateur Antal Nimrod, une dimension supplémentaire, ici une dimension poétique. C'est l'univers du métro à partir d'un travail sur le sombre et l'obscurité. Des mois de recherches ont été nécessaire pour donner un travail intéressant sur cette vie souterraine qui est présente et qui symbolise tellement. La vie sociale est toujours présente. On peut considérer donc ce cinéma comme le plus vivant.


D'autre part, pour se faire connaître, le Cinéma Hongrois rencontre quelques difficultés avec des problèmes de langue et de sous-titrages. Il faut un effort de lecture pour comprendre cet état d'esprit. Il y a beaucoup de détails à voir et à comprendre dans ces films. Par exemple, les hongrois se mettent à rire à certains moments parce qu'il y a un jeu de mot ou une plaisanterie spécifique à la langue hongroise. Ce n'est pas forcément dans la traduction. Les hongrois font des allusions précises sur des évènements de leur histoire. C'est vrai que de vivre cinquante ans avec l'obligation de camoufler tout ce que l'on raconte fait que les hongrois ont été habitués à débusquer toutes les allusions auxquelles on ne prête pas attention. Dans le cadre des Rencontres du Cinéma Hongrois, nous avons projeté des films de Miklos Jancso. Dans sa première époque, ce réalisateur traite d'histoire allégorique et en principe historique. Les spectateurs qui ont vu le film « Les sans-espoir » ont compris la répression. Elle représente aussi quelque part la répression que les hongrois vivent de nos jours. Dans la deuxième époque de Miklos Jancso, nous voyons des films à grands spectacles. Puis la troisième époque, ceux sont des films difficiles dans la compréhension car ceux sont des films qui destructurent complètement la narration normale d'un film. Il a fait une quinzaine de films dans ce genre. Je pense que par rapport à Jean-Luc Godard, Miklos Jancso n'a pas essayé la non-image. Les hongrois apprécient ce cinéma par qu'ils ont un genre de « canard enchaîné » revu et corrigé sur grand écran avec toutes les anecdotes qui courent les uns sur les autres mais ce n'est pas forcément compréhensible pour les spectateurs non hongrois qui peuvent difficilement décrypter les messages. »


Vous avez fait une rétrospective du cinéaste hongrois Béla Tarr en partenariat avec l'association Cinépage ..


D.G: En effet, Christine Fillette de l'association Cinépage, à Marseille, a programmé la rétrospective de Béla Tarr. C'est une grande admiratrice de son Cinéma. Moi-même, je connais son oeuvre. J'en ai discuté avec mes amis hongrois. Ils considèrent que c'est un auteur unique. Il n'est pas du tout représentatif du cinéma hongrois mais ses films ont de très grandes qualités esthétiques. Ce cinéaste a des valeurs qu'il défend, malgré qu'il n'ait pas cherché à faire école autour de lui. Même avec son individualisme, il nous donne certaines leçons de cinéma parce qu'il fait référence à la société hongroise même si son cinéma se fait d'un contexte un peu différent. Ce n'est pas toujours facile à suivre. Béla Tarr sait nous décrire ce climat de pesanteur que les hongrois ont connu, ce climat de dénonciation qui n'était pas vraiment serein. Cela a joué un rôle considérable. »


Dans le paysage cinématographique, est ce que le cinéma hongrois a vocation de s'ouvrir aux autres cinémas ?


D.G: « Le cinéma hongrois n'a jamais été fermé. Un des cinéastes les plus connus n'est plus hongrois. Istvan Szabo est un cinéaste international mais il a su garder la fibre hongroise et il est toujours considéré comme le représentant des hongrois de l'intérieur. Son film « Mephisto » est une co-production avec l'Allemagne. Le réalisateur Miklos Jancso a essayé de faire un film avec l'Italie. La cinéaste hongroise Marta Meszaros a fait un film qui se passe en Pologne et en Russie. Certains cinéastes hongrois ont été très probablement inspirés des cinéastes d'autres pays. On peut dire aujourd'hui que le cinéma hongrois a une influence sur les autres cinémas et qu'il a sa place dans le cinéma mondial. »

 

Cine Horizontes ,6ème festival de Cinéma Espagnol de Marseille, a eu l'honneur de recevoir Carmen Castillo pour son film documentaire « Calle Sante Fe ». Voici quelques propos recueillis de la réalisatrice, suite à la projection de son film, lundi 12 novembre 2007, au Cinéma « Les variétés »

 

«Est-ce que le film peut-être vu par le public français ? C'est un film sur l'engagement politique. Je pense à Walter Benjamin . C'est l'histoire des vaincus, le MIR . Cette phrase reste gravée dans les mémoires« De défaite en défaite, jusqu' à la victoire finale ». Le film peut être vu comme une source matérialiste dialectique. Le film a été projeté au Festival de Cannes, au FID de Marseille, à Rio de Janeiro, à Montréal. « Calle Sante Fe » est sortie au Chili. Il a été projété au Santiago du Chili. Je pense notamment aller de syndicat en syndicat, et faire une tournée avec le film. Monica Castillo, ma mère, en exil, a réussi
à protéger les clandestins, les gens du MIR.. Elle a dit « Je pense que c'est toi qui pensais que cela ne valait pas la peine ». Elle se trompe. Tout mon travail est relié à l'action politique. Je pense à la mort de Béatrice Allende, décédée de l'absence politique du pays, en 1976, c'est terriblement nostalgique. C'est un combat militant, pour moi, auquel j'ai survécu. A la question, suis-je la veuve du Héros militante ? Je ne pense pas être vivante.. Ce n'est pas la fin du film. Il reste les jeunes, la suite.. Mon père et ma mère ont vu le film et ils ont compris enfin ce qu'était le MIR.. En hors champ, j'ai assemblé les points de vue des militants du MIR. Chaque témoignage vient de militants du MIR, certains exilés , certains torturés, d'autres dans la clandestinité jusqu'au début des années 80. Les archives et les témoignages ont été découverts grâce au co-producteur l'INA. Un accord a été signé pour les noms mentionnés dans les archives. A l'Ambassade de France, cela a relancé le débat sur les archives. Les militaires avaient cachés et détruits des documents.


La question que nous pouvons nous poser est : Comment le Chili a occulté de garder la Mémoire? Pourquoi le pays n'a pas retranscrit cette partie importante de l'Histoire concernant le décès de Miguel Enriquez, le 5 octobre 1974, le coup d'état du 11 septembre 1973 contre Salvador Allende ? Les lectures de Walter Benjamin m'ont beaucoup apporté pour comprendre cette phrase «  De défaite en défaite jusqu'à la victoire finale ». J'ai filmé de nombreuses heures qui ne sont pas dans le film notamment la nouvelle génération chilienne. Les sous-titrages ont été réalisé par les militants du MIR et leurs enfants. Cette phrase « Le présent ne tient pas face aux devoirs du passé » est importante pour moi, avec l'exigence de la mémoire des vaincus. Là-bas, au Chili, c'est une société parfaite, avec une bonne éducation. C'est aussi une multitude de luttes, la consommation, l'endettement et l'esclavage qu'a connu le pays. Au delà du documentaire, pourquoi est-ce la Société qui est si dure quand bien même les luttes continuent dans le monde? La Résistance c'est comme l'Amour ceux sont des petits gestes ».

9EME FESTIVAL PROVENCE TERRE DE CINEMA ROUSSET DU 28 AVRIL AU 1ER MAI 2011

Rencontre avec la chorégraphe cinéaste Blanca Li et la danseuse Deborah Torres :


« Home Fitness » de Blanca Li, 3mn, 2007

« Angoisse » de Blanca Li, 5mn, 1998

« Pas à Pas » Documentaire de Blanca Li, 1h28, 2009


Le spectacle « Corazon Loco » est en préparation, en 2007, pour le palais de Chaillot. Blanca Li a filmé le temps infiniment fort qui précède la scène, la genèse d'une représentation, le temps des répétitions, l'essence même de la danse et de la création.

La directrice du Festival de Rousset salue et remercie beaucoup Blanca Li pour son immense travail, la pluridisciplinarité de l'actrice, chorégraphe, metteur en scène, danseuse, ..

 

Blanca Li : « J'adore le Cinéma. C'est ma 2ème vie qui m'est arrivé par hasard dans ma vie. J'étais à l'Université actrice pour ma soeur. Des fois, j'ai préparé tout le film. C'est très compliqué de monter un spectacle. J'ai travaillé dans la publicité en tant que photographe pendant huit ans au côté de grands réalisateurs. J'ai découvert le Cinéma. Puis on m'a appelé pour faire des longs-métrages. J'ai écrit les chorégraphies avec les mouvements de caméra. J'ai eu envie de faire un film à moi. « Angoisse » est le début de mon travail. « Le défi » est mon premier long-métrage. C'est une histoire qui va continuer .. Le documentaire, j'avais très envie de raconter le travail pendant un spectacle. Qu'est ce que c'est une création ? Je vais la filmer parce que je sais que c'est une aventure. C'est d'abord pour partager nos vies et après on vit ce que c'est la création. Au début, je ne savais pas ce que cela allait donner. »

Deborah Torres : « Formée à Barcelone, cela fait plus de dix ans qu'on travaillait régulièrement ensemble avec Blanca Li. Ce qui me fait revenir à chaque fois sur Blanca Li. Elle, c'est une énergie. La diversité de la fiction au documentaire, c'est ce qui m'a plu. »

Roland Carré : « La présence des enfants de Deborah Torres et de Blanca Li .. »

Blanca Li : « Pour moi une création c'est minimum trois mois, avec huit heures par jour, je ne peux pas travailler s'il y a une mauvaise ambiance, c'est dans l'harmonie et dans l'amour. C'est beaucoup de travail. C'est un moment unique à chaque fois, on ne sait pas ce qui va arriver au début ni à la fin. Je veux une certaine atmosphère. Pour moi c'est un travail d'équipe. Pour ce spectacle, j'ai voulu des danseurs un peu plus natures et âgés parce que les chanteurs sont des gens normaux. Je ne voulais pas différencier les deux mais plutôt les mélanger. Les chanteurs ont dû aussi faire un travail pour être homme et femme comme les danseurs homme et femme, une part d'humain .. Plus d'un an et demi, cela a duré. Presque un an avant, nous avons travaillé l'improvisation. Puis la compositrice avait besoin de six à huit mois pour écrire la Musique. C'est pourquoi les chanteurs traduisaient la partition en même temps que la création.

La danse, ceux sont les corps. Je suis chorégraphe parce que j'aime les corps. J'ai les danseurs devant moi, cela me plaît, c'est le plus de plaisir pour un chorégraphe, une très belle sensation. Le geste chorégraphique « Angoisse ».. Des gestes quotidiens, Blanca Li fait ses exercices de danse en même temps. Au départ, les chanteurs ne savaient pas que cela allait être aussi difficile. Le plus dur pour eux est de mémoriser constamment les partitions pour avoir la tonalité. Parfois je joue le jeu ou je ne joue pas le jeu. Je me laisse filmer. Cela m'arrive très souvent le regard extérieur sur mon travail. Moi justement avec les danseurs, au début, j'ai dû mal à être filmé. La création c'est délicat. C'est pour ça, je fais la projection privée pour voir si tout le monde est d'accord pour leur image. Personne n'a rien dit. Ils ont oublié la caméra. Sinon j'aurai modifier quelque chose. »

Deborah Torres : « Les lumières de Blanca Li sont très délicates. Moi j'accepte d'être filmée mais je demande un droit de regard à la projection. »

Blanca Li : «  J'ai un éclairagiste avec qui je m'amuse beaucoup à faire les lumières. Je passe huit heures avec les danseurs et je travaille six heures la lumière, l'éclairage. Je vais travailler deux tableaux en un seul tableau. Pour avoir tous ces volumes et ces créations, il y a toute une période d'adaptation pour ces danseurs de vivre dans cette lumière. »

Deborah Torres : « A chaque fois que le spectacle tourne, il y a un certain nombre d'heures pour la lumière et le filmage. Chaque danseur est responsable de ce qu'il a à faire mais la technique reste très importante. »

Blanca Li : « On cherche la perfection. Je vois tous les détails. Avec la maturité, on devient de plus en plus exigent. »

Deborah Torres : « Les danseurs chantaient .. Nous, on avait la chance d'être sonorisé par rapport aux chanteurs. Quand on danse, on voit. Les moments où on chantait si on était statique ..On a fait nos cours et on s'est appliqué. »

Blanca Li : « Pour moi, les créations, le film, ceux sont des moments de ma vie. Chaque chose que je crée, je l'appelle mon bébé, chaque spectacle, c'est comme ça, c'est l'élever .. Un film c'est pareil. Trois mois de répétitions ont été nécessaires. Après le spectacle, je n'avais pas envie de monter ou de voir les rushs. Puis, je l'ai vu comme une création. Je voulais que cela se raconte de façon seule. Dans toute création, il y a plusieurs phases, on s'amuse, on rigole, puis il y a des tensions .. A la fin du spectacle, on arrive au questionnement, on a un grand doute parce qu'on sait ce que cela va donner. Puis il y a une peur, une insécurité, un manque de confiance et c'est là qu'il faut être concentré. Et maintenant, à un moment, il faut faire le capitaine. Je sais, cela va être fantastique .. Avoir le moral, avoir l'énergie .. Les gens ne savent pas ce qu'il se passe derrière un spectacle. J'ai voulu partager ce moment avec le public. Je fais un travail pour commander le groupe. »

Deborah Torres : « Aujourd'hui, je n'ai plus ce doute parce que j'ai l'expérience avec Blanca Li. Je lui fais confiance, je l'écoute .. Mais Bianca depuis dix ans tu me dis cela .. »

Blanca Li : « On a fait plus d'un an d'improvisations sur chaque scène. Pour que la compositrice puisse écrire la musique. La première scène je la connaissais, je savais que cela commençait comme un concert et après que cela dégénérait. « Corazone de Loco », le titre parce que cela parle d'amour, le corps fou ..L'amour qu'on rêve c'est la scène où les corps sortent de derrière des toiles et qui prennent la danseuse. C'est l'amour idéalisé, rêvé .. Après on a crée la musique. Petit à petit on choisit .. »

Deborah Torres : « C'est un des avantages de travailler avec Blanca Li. C'est vraiment être dans la dimension humaine. C'est une grande qualité. Le travail dans la bonne humeur. On ne travaille pas dans une tension. Pour Blanca Li, c'est le contraire, il faut plutôt le rire .. »

Blanca Li : « Je préfère parler que crier ..J'ai la chance d'avoir des danseurs de tous âges. Certains travaillent depuis dix ans d'autres quinze ans .. L'équipe doit se renouveler constamment. Mais je suis très proche de mes danseurs. J'ai trente à quarante danseurs qui travaillent avec moi. J'ai fait un spectacle Macadam Macadam sur le Hip Hop pendant dix ans. J'ai ma communauté de danseurs à qui je peux demander en fonction des créations. On continue de garder une sélection avec tous les membres de la compagnie. Je suis en création avec les musiques d'Azerbaïdjan et un projet sur l'homme et la machine. Je prépare un grand projet pour le Palais de la Danse à Paris. Je suis en train d'écrire une fiction. C'est sur trois femmes, sur la crise de la vie, qui commencent à vieillir .. Plus d'imagination, plus d'envie, c'est drôle pour les femmes artistes : Victoria Abril, Rosy de Palma et moi Blanca Li .. »

« Rives » de Armel Hostiou, 2011, France, Numérique, durée 1h18
Avec Jasmina Sijercic, César Lakits et Abubakar Jamil
Programmation ACID Festival de Cannes 2011
Distribution : Epicentre Films

Lundi 16 mai 2011 au Cinéma Les Arcades - Festival de Cannes 2011 


Une belle actrice Jasmina Sijercic, un jeune réalisateur Armel Hostiou, une jeune productrice Gaëlle Ruffier pour un premier Film tous côté coeur pour une même envie : Exprimer « Rives », un titre au combien à la frontière de nos pensées les plus terrestres. Une expérience sensorielle hors du commun, basée sur l'expressivité des acteurs en réelle performance d'eux-mêmes, nous conduit à des réflexions jusqu'alors insoupçonnables. Faut-il le vivre pour y penser ? A quoi ? Et bien à notre solitude si intense soit-elle dans un monde urbain impitoyable tant l'anonymat demeure un fardeau nous atteignant dans les moindres détails de nos vies si bien réglées soient-elles. Le film « Rives » est certainement une preuve du post-post-modernisme qui nous entoure et nous fait évoluer dans toutes nos négligences, nos absences, nos non-sens et nos dures réalités. S'attacher à ces personnages demeure l'une des clés d'une des compréhensions sous-jacentes de nos moeurs dans la quasi-totalité en silence. Chaque point, chaque détail, de notre société, de notre quotidien, s'avèrent insurmontable voire aliénant. Les personnages se prêtent au jeu de rôles dans un cadre primaire d'oppression, celle vécue par la couche populaire, par l'innocence d'un enfant à l'école ou encore par le regard d'un immigré venu travailler en toute honnêteté, enfin par la douceur d'une jeune femme. La condition humaine de cette triangulaire a un point commun. L'isolement de chacun va les réunir par le liserai de chacune de leur rive. Ce que réussit le jeune premier Armel Hostiou c'est de nous installer dans un dispositif parfaitement conçu pour nous délivrer des émotions imbriquant un rythme vers une adéquation de notre triangulaire.

 

Un petit garçon, une jeune femme, une jeune garçon immigré, ne parlant pas la même langue.


Le billet, le petit saignement à la gorge, l'ascenseur bloqué, .. Autant de détails qui s'inscrivent dans un tourment, une succession de probabilités évoque l'enfermement de soi sur soi, de l'impossibilité de communiquer avec l'extérieur et de rester confronter à ses propres turpitudes. « Tu parles mieux le français », à peine quelques répliques dans un film qui a un ambitieux objectif celui d'apaiser cette souffrance sociale. Armel Hostiou, chef d'orchestre de ces personnages solistes opère non pas une caricature de cette souffrance sociale mais bel et bien un tableau où les lignes de fuite se croisent pour mieux en déterminer, comme chez Kandinsky, une figure identifiable de la faiblesse de ces gens. Une vérité les oppresse mais les opprime dans leurs corps et dans leurs pensées, une vision certes contemporaine mais nécessaire pour mieux comprendre la perception de tels échecs de l'être dans la symbolique du mythe de Sisyphe en un effet constamment croissant de ces perceptions.

 

Nous, spectateurs, sommes sollicités par cette approche difficile d'accès.

Plusieurs pensées mises en abyme demeurent celles d'une société anonyme en perdition par ce que les liens sociaux n'existent pas. Celles de l'oppression dans un monde urbain qui nous écraserait dans nos préceptes, nos affects face au monde qui nous entoure et qui communique. Peu de dialogues conclut à cette volonté de ne pas les exclure mais de les confondre vers une même réalité, celle là-même qui fait que seules les montagnes ne se rencontrent pas. Solidité d'un sujet traité en expérience sensorielle avec justesse et rythme.


Une jeune fille, téléopératrice, métier de base et accessible à tous, le divertissement, l'échappatoire dans une discothèque, le simple coton tige durant le maquillage, un appartement où un visage subsiste. Elle a un accent quand elle parle, elle est différente des autres à son travail, elle ne parle pas mais reste figée dans son monde. Tout est dans l'expression de ce visage féminin doux mais dans sa propre incompréhension de celle qu'elle vit, de celle qu'elle recherche ..

 

Le réalisateur observe ses personnages mettant le thème de l'intégration en corrélation avec le thème de la Ville, comme il le soulignera lors du débat après cette projection officielle au Festival de Cannes 2011. La ville et son caractère d'anonymat est son 4ème personnage. Les trois protagonistes sont successivement dans l'inconscience pour le jeune enfant, la conscience pour la jeune femme et la non-solution pour le jeune homme plutôt en train de subir sa condition face à l'inconnu.

 

Le petit garçon ne sait pas dessiner la carte de France et la copie sur son camarade de classe. Le professeur l'exclut. S'ensuit une dérive humaine de cette fragilité dans son propre et seul regard. Sa perception devient nôtre. Mais l'hermétisme demeure.

 

Les trois personnages ne parlent pas ou très peu. Ils attendent qu'on leur donne la parole.

 

Personnages pasoliniens, écoute de leurs traits précisés au scalpel.

Découpe des sens et des non sens, appel d'air dans une société qui n'écoute plus le silence mais les bruits. Quand désobéissance juvénile, conscience et raison d'être, impasse et incommunicabilité se rejoignent, un monde apparaît, s'ouvre à nous. Tout ceci est bien-entendu dans un imaginaire cousu de modernité et de paroxysmes. On les voit dans leurs propres contextes, resserrement de la caméra, rétrécissement des pensées, comme un rond dans l'eau, un petit caillou jeté par désoeuvrement.

 

Les trois vies, les trois destinées parallèles nous déboussolent. Ceux sont les plans de chacun des personnages qui nous confrontent au lieu et à l'espace. L'action les convoque dans le même complexe du monde urbain, des murs. Le réalisateur Armel Hostiou construit ce monde basé sur le sensoriel et nous induit fortement le questionnement de la solitude sans jamais la marginaliser ou la rendre anarchique.

 

C'est un premier film à voir pour mieux comprendre les dérives de l'absence de communication. Tout est dans les non-dits. Ainsi cette première oeuvre nous convainc de son importance et des pistes qu'elles nous donnent pour combattre l'isolement. Tous humains, tous égaux même face à l'absence de vérité.

 

Le repli de soi, la confrontation de trois vies précaires, chacune à leur façon, en sursis et fragiles, parce que seuls face à eux-mêmes et à leur propre décisions d'être et d'exister. Le livreur, immigré, ne parle pas la langue française. De fil en aiguille, le travail du réalisateur s'assemble. La continuité bressonienne s'explique, la rigueur est de mise dans un cadre pré établi.

 

Ainsi l'image devient notre fixité et le hors cadre, cadre de toute convention, s'apaise pour rétablir la cohérence de trois vies laissées à l'abandon.

 

« 108 CUCHILLO DE PALO » de Renate Costa - 2011 - 1H33 - documentaire


« C’est une réalité très dure de ma famille .. C’est un secret bien gardé sorti de la lumière du Paraguay. »


Sur l’eau, un bateau navigue .. Voici un magnifique documentaire d’une fille à son père, un rapport privilégié pour mieux en savoir sur les liens qui unissent une famille. Une lettre d’adieu cette nuit là .. Renate Costa se filme avec son père. Des fragments de souvenirs sont ceux d’une reconstitution. Le film veut bien représenter ces espaces vides occupés par la mémoire d’un être disparu avec grand respect mais sans fausse pudeur de l’intime. Une avancée psychologique sur une époque de discriminations sexuelles, connues comme des crimes et des faits interdits ou contre la norme de la société. Tout en conservant le silence des non-dits, ceux qui tuent ou qui torturent, Renate Costa déroule le fil conducteur de sa recherche familiale, d’une quête de la vérité. Un grand travail de documentariste s’amorce en travaillant les prises de vue sombres et réalistes d’un après politique. Retrouver les traces d’un destin parmi le destin d’un pays, un beau courage qui permet à Renate Costa de mieux comprendre la mort de son oncle défunt Rodolfo Costa. Cela permet de mieux l’accepter en revivant des instants de sa vie, ceux encore qui sont marqués d’une pierre blanche. Enfin la réalisatrice rend hommage à une figure de résistance à son régime en des temps difficiles, au début des années 80, au Paraguay. Renate Costa réussit véritablement à dresser un portrait post-mortem d’un homme au destin tragique devenu un héros, une figure emblématique d’une époque. Ainsi sa conscience est lavée de tout oubli et le devoir de mémoire est accompli en toute innocence de sa représentation grâce à sa réalisatrice.

CABRA MARCADO PARA MORRER (UN HOMME À ABATTRE) réalisé par : Eduardo COUTINHO
Année de production : 1984 - Pays : Brésil - Durée : 120 minutes

 

CANNES CLASSIQUES 2012 - 65ème FESTIVAL DE CANNES

 

Walter Salles a produit une dizaine des films de Eduardo Coutinho. Le mouvement documentaire est en très bonne forme. « Tout ce qui n'est personnel est politique. » dixit le cinéaste patriarche. Il y a une référence à Walter Benjamin dans les interstices de l'Histoire. « Il faut avoir tout perdu pour que quelque chose vous reste. Le tournage s'est effectué en 1981. Le film a été présenté au Festival de Rio, en 1984, puis, au Festival du Réel à Paris. Restauré récemment par la Cinémathèque du Brésil, en image 2K, des liens forts l'unissent à Tarkovski et à Sokourov. « Donner forme aux inquiétudes métaphysiques de notre temps.. » demeure règle d'or d'un crime organisé sous-jacent de l'Etat. Le documentariste brésilien Eduardo Coutinho établit une reconstitution de l'époque : La fin des années 50, le début des années 60. A travers les témoignages des paysans, qu'est ce que la lutte, la ligue de Païsa, la lutte des paysans ... João Pedro Texeira protestait de son propre chef et refusait l'abandon du mouvement. Autour de sa mort pour la cause, sa femme reste le pivot central du film. Chaque paysan se revoit 20 ans après à l'écran. Ils rient en cœur, insensibles aux dérives du temps. João Pedro a été torturé et meurt d'une crise cardiaque au début des années 80. Les propriétaires sont couverts par les Hommes d'Etat. Monsieur Coutinho interroge les paysans à travers les images du passé. Certains pensent qu'il fallait supprimer les icônes de la confédération paysanne afin de faire fonctionner le régime dans sa totalité. Pour un des derniers fils de João Pedro Texeira en 5ème année de Médecine, son père est l'un des pionniers du mouvement jugé trop réactionnaire ...

 

L’effet aquatique de Solveig Anspach – Prix SACD à la quizaine des réalisateurs au 69ème Festival de Cannes – Mai 2016


Dernier et sûrement premier film visionné de la réalisatrice Solveig Anspach au Palais Stéphanie, nouvellement Noga Hilton, ou encore, pour les professionnels, Espace Marriot


Un hommage, un Prix, une carrière


Depuis 1999, cette jeune femme constitue sa carrière cinématographique grâce au Festival International de Film, le festival de Cannes en France. Un magnifique parcours, sous les paillettes et sous les strass, à l’abri des Etoiles montantes du jeune cinéma mondial. La peintre se décrit derrière une caméra-stylo et tient à terminer sa filmographie par le Rire avec un grand R, celui qui nous fait du bien. Ainsi, vais-je voir ou revoir ses Films, la croyant Femme de Lettres, écrivaine à ces heures, féministe de son Temps. Me remémorant une couverture d’un livre, je la pris pour cette défenseur des Droits de l’Home et de la Femme bien-entendue ! Dix ans déjà, bien chez Aki Kaurismaki, même si je ne supporte pas Antoine dans Le Havre, L’effet aquatique reçut unanimement les rires et les salutations du Public dès son premier passage. Les membres de l’Acid n’ont qu’à bien se tenir en Apnée déjà ! Trève de plaisanterie, dans cette splendide salle de Cinéma, constituées de sièges en bois, regard de projectionniste bien-sûr, un balcon et un orchestre, rôles inversés, puisque les ciotadens de 1895 mettaient leurs enfants aux balcons et suivaient leurs émotions pour mieux critiquer les Films, nous garderons ensemble, cette séance-ci, quelques rires mêlés aux larmes du cœur mais celles de l’esprit, pour partager un instant une dernière bande-dessinée.
De nos bandes-dessinés, de nos rires moqueurs, de nos rires d’enfants … C'est la tempête dans ma tête, une sorte de Stormy Weather !
Ainsi, en tant que, spectatrice, j’approuve le Prix décernée à ce film avec un nouvel acteur au physique de John Turturro et une fabuleuse métamorphose de l’actrice Florence Loiret-Caille. Les deux font la paire nous font oublier les dérives de cette œuvre résolument comique dans la hâte. Pamphlet d’un état de vie, dans un lieu commun : une piscine. Un scénario téléphoné pour en rendre les sutures plus agréables … Un départ plutôt caustique qu’acéré et acerbe pour cette œuvre prouvant de la ténacité et de la rigueur incarnées par des personnages burlesques les uns associés aux autres dans un style Domino face aux facéties de la société : l’amitié et l’amour, les aléas du travail dans l’espace et le vide. Tout est sens et son contraire, grotesque pour l’un, odieuse pour d’autre … Un clin d’œil de la réalisatrice Solveig Anspach échappée du coin des cils à ses équipes filmiques, son Staff, et, surtout, une belle imagination sur les dérives des discriminations, celles de nos jours. Ainsi, comme une lettre à la Poste, un vieil Edika, ou un Gotlib en poche, j’en resterai dans mes mémoires personnelles de Festivalière à un humour de talent. Cette BD filmée que nous relisons et que nous gardons comme un objet fétiche donne courage pour la suite à l’ensemble des actrices et des acteurs désormais sur le haut de la marche dans cette 69ème compétition. Alors juste pour rie, dit’on en canadien, allez voir sur grand écran dans vos salles de Cinéma ce dernier, pour moi ce premier film de la jeune réalisatrice Solveig Anspach disparue entre-temps ! Bon, j’ai dépassé le nombre de lettres alors je tiens tout de même à saluer l’artiste et son Equipe au grand complet, mais, je crois, que le générique est long si nous devions faire un montage alors place à vous, pour apprécier le Cinéma de Solveig Anspach ou pas ! Très prochainement sur vos Ecrans rires !!